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« Pour le moment, votre téléphone ne sait pas réellement si vous marchez, courez, skiez, faites des achats, conduisez ou faites du vélo, mais dans le futur, Google saura tout cela et pourra construire de nouveaux systèmes rendant des services dédiés pendant que vous faites chacune de ces activités »  Robert Scoble, The Next Web : « Google, the freaky line and why Moto X is a game-changer ».

Qu’est-ce que le « quantified self » ?

Inventée en 2007 par Gary Wolf et Kevin Kelly (éditeurs du magazine Wired), l’expression « quantified self » que l’on peut traduire par le « soi quantifié » ou encore « auto-mesure de soi » gagne du terrain avec la tendance des nouvelles technologies interactives et communicantes que sont les objets connectés. Ce succès s’explique par le besoin d’information sur sa santé.

Cette pratique consiste à mesurer, analyser et partager ses propres données relatives à son mode de vie. Aujourd’hui, il est possible de mesurer la distance parcourue, connaitre sa fréquence cardiaque lors d’un effort physique, suivre son poids ou encore mesurer la qualité de son sommeil, autant de fonctions qui attirent et permettent de garder un œil sur notre santé au quotidien. Or, les objets connectés offrant ces fonctions soulèvent des questions nouvelles notamment en matière de données personnelles en particulier de données de santé.

Evolution des objets

Nos activités sont numérisées, pour l’essentiel cette numérisation passe par les montres, les bracelets ou bien les applications mobiles. Les applications les plus anciennes sont les podomètres, puis viennent les montres connectées surtout utilisées dans le cadre de pratiques sportives afin de mesurer ses performances ou de calculer ses calories dépensées. La dernière tendance est celle des bracelets connectés qui rendent plus libre l’utilisateur, plus besoin de smartphone pour mesurer ses activités.

Aujourd’hui, notre activité quotidienne peut donc être mesurée, on trouve des objets des plus extravaguant par exemple la ceinture Lumo Back aide à corriger notre posture ou encore la Hapifork permet de mieux manger en vibrant lorsqu’on laisse moins de 10 secondes d’intervalle entre deux bouchées de nourriture. Tant d’objets qui capturent nos données et pour lesquelles on doit faire preuve de prudence.

Quid des données personnelles ?

Plus que de mesurer nos activités, l’engouement pour ces objets est dû à la possibilité de partager les données. On intègre une « communauté » dans laquelle on compare, on échange, on se mesure aux autres, ce qui d’une certaine manière est une bonne chose. Mais il ne faut pas oublier que ces données se partagent sur Internet et intéressent plus qu’une petite communauté d’utilisateurs. D’autant plus que ces données relatives à notre santé sont de plus en plus précises et des questions doivent être soulevées quant à la vie privée.

N’oublions pas que les données de santé sont des données dites sensibles protégées par la directive 95/46/CE du 24/10/1995 sur la protection des données personnelles qui interdit le traitement de données personnelles relevant de l’origine raciale ou ethnique, des opinions publiques, des convictions religieuses, de la santé et de la vie sexuelle. On peut ajouter que les données de santé font l’objet d’une réglementation renforcée et leur hébergement fait l’objet d’un agrément par le ministre en charge de la santé (article L.1111-8 code de la santé publique).

Sans tomber dans la paranoïa, il faut rester conscient de la valeur de nos données et du pouvoir attractif qu’elles ont sur les entreprises et, dans le cas des données de santé, notamment sur les compagnies d’assurance qui préfèreront couvrir une personne en bonne santé qu’une personne à risque.

Vers une nouvelle forme de santé ?

Les données récoltées sont sans grande valeur médicale mais elles pourraient le devenir. Leur perception permet d’avoir un meilleur contrôle sur son bien-être ou sa santé. Allons-nous vers une nouvelle forme de santé ? L’e-santé ? On aperçoit ici un point positif du quantified self qui peut s’avérer utile à la prévention, à l’incitation à prendre soin de soi.

La limite à ne pas dépasser est celle de la frontière patient/médecin. De nos jours, la tendance est à l’automédication et elle ne peut que prendre de l’ampleur avec le « quantified self ».  Les objets connectés ne sont pas d’une fiabilité sans faille, le rythme cardiaque que donne une montre reliée à des capteurs est une indication, de même qu’une ceinture connectée soulage un mal de dos mais ne l’éradique pas. « Mieux vaut prévenir que guérir » est un adage qui colle bien au « quantified self », les informations collectées peuvent être utiles dans le cadre de la prévention dans le monde médical, mais il faut garder à l’esprit que, dans certaines situations, le recours des professionnels est recommandé.

        Pensez à vos données et protégez-les 😉

Sources :

http://archives.lesclesdedemain.lemonde.fr/

http://www.cnil.fr/

http://esante.gouv.fr/le-mag-numero-9/

http://club-digital-sante.info/2013/10/quantified-self-et-sante-une-revolution-en-marche/

http://legifrance.gouv.fr/

Charlotte Cuzacq

Membre de l’association des Juristes du Numérique

Promotion 2015 - 2016