Date : 26 et 27 novembre 2015.

L’ambition de cette rencontre est de donner une vision synthétique sur les dynamiques en cours concernant le développement des infrastructures de recherche en Sciences Humaines et Sociales afin de d’ouvrir la voie à la participation de nouveaux grands établissements et à plus d’échanges collaboratifs avec la sphère économique dans le domaine du numérique.

Il s’adresse donc aux acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche bien sûr mais aussi au secteur privé pour lequel les données économiques et sociales, mais aussi patrimoniales, constituent un réel enjeu de développement.

Il s’adresse enfin à la sphère civile et citoyenne dont les données individuelles, qu’elles proviennent de grandes enquêtes longitudinales ou de démarches participatives de « crowdsourcing », constituent souvent les matériaux de notre recherche. Une ouverture internationale sera faite vers le Québec qui mène une réflexion sur l’organisation et le développement de ses infrastructures de recherche.

Site web de la conférence « Infrastructures du Numérique »

Programme de la conférence (PDF, 5.35 Mo)

Compte rendu

Production des données au XXIème siècle : les enjeux liés en SHS

L’usage du web a été dévoyé de son concept original par l’utilisation massive, pour raisons économiques, des données qui y sont produites. Le traitement de cette masse de données échappe à tout processus de délibération et de certification de l’information. Plus personne n’a de vision sur les interprétations tirées de ces traitements.

L’information devient incontrôlable et créateur de « dividualisation » : l’humain finit par être réduit à son double numérique à qui on va prêter une somme de comportements, sans plus s’inquiéter de leurs réalités.

Plus l’appariement des données sera fait pour prédire les comportements humains, plus il y aura de menaces. Il est donc grand temps de créer une vraie culture numérique, de passer à une troisième génération du numérique pour prendre en compte des processus délibératifs sur les traitements des données et leurs usages, cela pour permettre la vérification et la critique.

Le philosophe Bernard Stiegler défend l’idée d’impliquer les écoles doctorales à travers le soutien de 500 thèses par an toutes disciplines confondues mais liées au numérique et aux besoins de la société: recherche contributive.

Cette transformation passe également par une discussion autour des enjeux de l’accès aux données détenues par les administrations. C’est une source importante pour la recherche, celle-ci devant faire face aux diminutions de crédits qui rendent plus difficiles les collectes classiques de données.

Quelles collaborations renouvelées dans le domaine des infrastructures du numérique

entre les sphères académique, citoyenne, entrepreneuriale et les décideurs publics ?

Il apparaît nécessaire d’aller vers la création de plusieurs structures pour mettre en relation les mondes académique et socio-économique : les pôles de compétitivité, les Consortium de Valorisation Thématique, les Société d’Accélération du Transfert Technologique et BPI France (egroupement d’Oseo et de l’Anvar).

Il faut un effort collectif pour que ces mondes se rencontrent car il y a un problème d’appréciation de la valeur des données produites.

L’approche SHS sur le numérique se concentre sur les transformations de la société du fait de l’arrivée du numérique (exemple de la modification du rapport au savoir et à la culture).

Ainsi la valorisation doit être pensée dès le début, lors de la conception du projet afin que les partenaires en comprennent les enjeux.

Beaucoup de nouvelles entreprises accompagnées par BPI France se positionnent sur un modèle économique dit du logiciel libre axé sur le service et non la vente de code. Cela permet d’abaisser les coûts marketing.

Enfin, des différences notables d’appréciation sont à noter en fonction des disciplines. L’exemple de la plate-forme VIP (traitement, simulation et stockage d’images médicales) est frappant avec une recherche constante d’automatisation où les interventions humaines sont réduites a minima afin d’éviter l’arbitraire.

Nathalie Gandon

Membre de l’association des Juristes du Numérique

Promotion 2015 - 2016